mardi 27 avril 2010

Note de lecture de Thierry Piet sur "L'appétit de la mort" (avril 2010)

« Quel beau recueil de poèmes que cet « Appétit de la mort » de Thomas Duranteau ! Je l’ai lu et relu souvent. C’est un recueil que j’ai dévoré. Ils sont rares les livres qui m’accompagnent sur la table du salon ou sur la table de chevet pendant plusieurs jours, voire plusieurs semaines.
L’objet déjà est très réussi avec les créations de Lydie Arickx. Le contenu aussi.
Ce recueil pourrait faire frémir si on ne s’arrêtait qu’au seul sujet de la mort et surtout si on cherchait à le comparer à cet autre livre qui a fait couler beaucoup d’encre en son temps : « Suicide, mode d’emploi ».
Mais ici il s’agit d’un recueil de poèmes : je veux dire qu’on ne peut apprécier le sujet indépendamment de la forme que son auteur lui a donnée et de la force qui s’en dégage.
Ecrire sur la mort est toujours dangereux, car seuls ceux qui l’ont vécue pourraient en parler, et nous savons bien que cela ne s’est jamais vu et ne se verra jamais. Par contre, le poète peut toucher quelque chose de juste et de beau dans cette dernière seconde inéluctable qui fascine et interroge tout vivant.
C’est là le tour de force du poète, car Thomas Duranteau a su trouver une architecture et une justesse de ton qui donnent au recueil son caractère unique et vivant. Il n’y a rien de morbide dans cet ensemble de poèmes, mais il y a une force et une beauté qui se dégagent et qui se transforment en lumière.
En effet, la fascination réside pour moi dans cette écriture sobre et précise, presque tranchante et violente, qui suggère plus qu’elle ne dit, qui laisse passer un peu d’inconnu et de mystère entre les mots.
Dans chaque ‘chapitre’ suinte un peu de lumière biblique – j’ai reconnu au détour de certaines phrases ou images des allusions à l’Arche de Noë, au Sacrifice d’Abraham, à La Tour de Babel, à Sodome et Gomorrhe – mais alors que pourrait se fermer la pierre tombale sur chacun de ces chapitres , un éclair ou un éclat se pose comme un point d’interrogation ou une lueur d’espérance à qui veut bien la déceler (desceller). »

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